Les poules sont des fouilleuses nées. Elles grattent, elles cherchent, elles picorent la moindre vie sous les feuilles. Alors oui, elles mangent des insectes et des vers de terre. Et c'est même l'un des plaisirs de l'élevage familial: voir un troupeau filer au petit matin, après une pluie, pour une chasse joyeuse. C'est naturel, nourrissant, stimulant. Mais comme toujours avec le vivant, il y a des limites à respecter.
Oui, et c'est même naturel
Une poule n'est pas végétarienne. C'est une omnivore opportuniste. Dans un jardin ou un petit poulailler en plein air, elle complète sa ration en picorant petits insectes, larves, cloportes, grillons et vers de terre. C'est un comportement sain, qui apporte des protéines de qualité et occupe la poule pendant des heures, loin de l'ennui et du picage.
"Le premier orage de mai, j'ouvre la porte, et mes rousses foncent vers le cerisier. Elles savent que les vers remontent. Cinq minutes de ballet précis, et tout le monde repart le jabot plein."
Quels insectes et vers de terre au menu
Dans un jardin vivant, les poules trouvent naturellement de quoi faire leur marché. Voici ce qu'elles apprécient le plus, sans chichi :
- Les insectes du sol: cloportes, carabes, forficules, petites araignées.
- Les larves: mouches, coléoptères, larves de mouche soldat noire, vers de farine (séchés ou vivants).
- Les sauterelles, grillons, mouches et moucherons à portée de bec.
- Les vers de terre, en nombre raisonnable, surtout après la pluie.
En élevage familial, les insectes d'élevage séchés (larves de mouche soldat, vers de farine) sont de bonnes friandises, surtout en hiver, mais restent un "bonus".
Les bénéfices pour le troupeau
Manger des insectes fait du bien au poulailler, et pas qu'un peu :
- Protéines naturelles pour la croissance, la mue et de beaux oeufs.
- Comportement naturel: gratter, fouiller, courir. Une poule occupée est une poule sereine.
- Jardin plus propre: moins de limaces juvéniles et de larves nuisibles.
- Meilleure assimilation: protéines animales + calcium (coquilles d'huîtres, par exemple) = coquilles d'oeufs solides.
"Depuis qu'elles ont accès au tas de feuilles, j'ai moins de dégâts de hannetons au potager. Les poules font le tri bien mieux que moi."
Les limites et précautions
Le vivant n'aime pas les excès. Quelques règles simples font la différence :
- Jamais à la place d'un aliment complet: les insectes et vers ne doivent pas dépasser 10% de la ration. La base, c'est un aliment équilibré pour poules pondeuses ou un mélange grains + compléments adaptés.
- Évitez les zones traitées: pas d'insectes ramassés près des routes, pelouses traitées, compost douteux.
- Vers de terre oui, mais sans surenchère: ne videz pas un seau de lombrics d'un coup. Trop d'un même aliment, même naturel, peut perturber la digestion et attirer des parasites.
- Méfiez-vous des chenilles urticantes (processionnaires) et des insectes inconnus couverts de poudre ou très voyants. En cas de doute, on s'abstient.
- Donnez du grit (petits cailloux) et une source de calcium libre-service. Sans ça, la digestion se fatigue.
Observez vos poules: plumes, énergie, fientes, appétit. Si tout est régulier, c'est que l'équilibre est bon.
Comment encourager la chasse au jardin
On n'a pas besoin d'un hectare. On a besoin de diversité et d'abris pour la petite faune. Voici des idées simples, testées sous la pluie comme au soleil :
- Laissez un coin en friche: herbe un peu haute, tas de feuilles, quelques branches. Les insectes adorent.
- Retournez une planche, un vieux paillage, une fois par semaine. C'est le grand service.
- Arrosez légèrement un carré de terre sèche en fin de journée: le lendemain matin, les poules feront le reste.
- Faites tourner l'accès aux massifs: un jour ici, un jour là. La pression reste douce, la ressource se régénère.
- Ouvrez après la rosée ou la pluie: après la pluie, c'est le jour des vers.
"Petit jardin de ville, pas plus de 80 m². J'ai posé deux planches au sol. Je les soulève le matin: quatre cloportes, deux larves, trois poules ravies."
En hiver, on s'adapte
Quand le sol est froid et dur, les insectes se font rares. On compense sans forcer :
- Servez une poignée d'insectes séchés, réhydratés à l'eau tiède. Une fois ou deux par semaine suffit.
- Installez un bac à feuilles au sec: même en hiver, il cache des surprises.
- Donnez un peu plus de protéines via l'aliment, sans tomber dans l'excès.
"En janvier, je suspends une boule d'insectes au perchoir. Ça occupe, ça muscle, et ça met de la vie quand le jardin dort."
Au fond, la règle est simple: laisser faire la nature, et garder la main légère. Des poules qui chassent sont des poules bien dans leurs plumes. Et vous verrez, le premier oeuf pondu après une belle matinée de chasse a un goût de victoire tranquille.